Quatorze ans, l’âge de l’adolescence, des sorties, des premières aventures. L’âge de la rébellion, du refus et de l’insouciance. Mais pour Sylvio Chiha, 14 ans ont été le prélude à la gloire. Passionné de glisse dès son enfance, Sylvio a récolté en 2004 les fruits d’une dizaine d’années d’entraînement et de persévérance. Gros plan sur ce jeune garçon doué et bourré de talent. Fils d’un ex-champion du monde de saut à ski, Sylvio a été, depuis sa tendre enfance, entouré de sportifs. Et c’est naturellement que ses parents ont voulu l’initier très tôt à un sport qu’ils apprécient et maîtrisent parfaitement le ski nautique. À l’âge de deux ans, son père lui fait chausser une planche spéciale et le jette dans le grand bain. Le petit Sylvio tombe, et par peur, sa mère décide d’ajourner son apprentissage. Trois ans plus tard, il monte à nouveau sur des skis, et depuis, la passion ne le lâche plus... Tout de suite, Sylvio montre un intérêt précoce pour ce sport. Petit à petit, l’enfant grandit et avec lui son talent s’accroît. Son corps prend du volume et il parvient à contenir les demandes très physiques de cette discipline. Encouragé et soutenu par sa mère Nada, Sylvio veut profiter au maximum de sa passion. En été, il se réveille dès les premières heures du matin pour se diriger vers la baie de Jounieh. À l’heure où ses copains grinchent pour se prélasser quelques minutes de plus dans leur lit douillet, Sylvio est prêt pour son rendez-vous matinal avec sa meilleure amie la mer. Car c’est dans ce plus bel élément naturel qu’il se retrouve... et brille. Fulgurante ascension Sylvio a découvert il y a quelques années le slalom, une discipline qui consiste à zigzaguer entre six bouées sans en rater une ni tomber dans l’eau. Le skieur débute la compétition avec une corde longue de 23 mètres, à la vitesse minimale de sa catégorie. Une fois que l’athlète atteint la vitesse maximale, la corde est raccourcie, rendant le geste plus difficile, jusqu’à ce qu’il manque finalement une bouée ou qu’il tombe. Ce n’est qu’il y a deux ans que Sylvio a commencé à pratiquer le slalom, nous avoue Nada. Il y avait à Tripoli un plan d’eau où il allait s’entraîner régulièrement en été. » Réalisant des performances exceptionnelles, ses parents décident alors de l’envoyer à l’étranger pour participer à des compétitions internationales. En 2003, il s’envole vers l’Allemagne où il prend part pour la première fois à un événement majeur. Il terminera 22e de la catégorie dauphin junior. Son résultat une bouée à 14,25 mètres, la vitesse du canot s’élevant à 55 km/h. Au cours de la même année, il dispute une compétition à Chypre où il arrache la première place chez les dauphins. En quelques mois donc, Sylvio aura effectué un progrès remarquable puisque après deux rendez-vous seulement, il flirte déjà avec les premières places mondiales chez les juniors. Dopé par ses résultats, il participe en août 2004 au championnat de Ras el-Khayma junior, qu’il remporte haut la main. C’est la consécration, avec à la clé, un record personnel établi à 2 bouées à 12m, un score meilleur que celui du skieur qui a remporté les championnats du monde 2004 pour la catégorie junior 1 bouée à 14m. Une énorme performance au Qatar Mais son meilleur résultat, Sylvio l’a acquis en octobre au Qatar, qui accueillait une étape du championnat du monde hommes. Petit Poucet » parmi les géants de la discipline, le jeune Libanais a terminé l’épreuve à la 8e place sur 18, avec un résultat remarquable certes, mais inférieur à celui de Ras el-Khayma 5 bouées à 13 mètres, la vitesse du canot étant de 58 km/h. Une énorme performance lorsqu’on regarde le score du champion du monde 5 bouées à 10,75 mètres. Une performance qui n’a pas échappé aux yeux du président de la Fédération internationale de ski nautique, l’Autrichien Franz Kuhn, qui s’est chargé de transmettre ses félicitations au jeune champion Mais outre ce résultat, l’aventure de Doha a permis à Sylvio d’acquérir une formidable expérience, puisqu’il a pu côtoyer les meilleurs skieurs du monde, à l’instar du Britannique Jody Fisher ou de l’Italien Matteo Ianni. C’est étonnant comment Sylvio arrive à rivaliser avec ces grands champions, qui ont le double de son âge », déclare Nada. Une de ses grandes qualités en tout cas, c’est qu’il aborde les compétitions avec une énorme décontraction. Pour lui, skier a toujours été synonyme de plaisir », souligne-t-elle. Toutefois, afin d’enregistrer de tels résultats, un entraînement adéquat est de rigueur. Sylvio est un garçon très sportif, outre le ski nautique, il pratique le ski alpin, le judo et la natation. En plus, en été, il est toujours en mer afin de garder la forme et perfectionner sa technique », déclare Nada. Mais pour s’entraîner au slalom, il faut avoir un plan d’eau fermé, là où l’eau est vraiment plate. Car vous ne savez pas ce que vous risquez quand vous slalomez à presque 100 km/h et que vous heurtez une vague », enchaîne Nada. Il existait un plan d’eau à Tripoli où tous ces jeunes skieurs allaient s’entraîner. Malheureusement, le plan a été remblayé, et actuellement on n’a aucun endroit pour pratiquer le slalom », souligne Nada. Alors, lorsque Sylvio participe à des compétitions internationales, il y va 10 jours avant la course afin de se préparer. C’est formidable comment avec aussi peu d’entraînement il arrive à enregistrer de tels résultas », s’exclame sa mère, une lueur vive dans les yeux. Sylvio ne compte pas s’arrêter là. Cet été, il participera aux championnats qui vont être organisés par le groupe Europe, Afrique et Moyen-Orient, pour les catégories de moins de 17 ans, moins de 21 ans et hommes. Fera-t-il du ski nautique sa carrière ? Non. Personne ne l’encourage à devenir professionnel car il n’y a aucun débouché dans ce sport, déclare Nada. Pour le moment, sa priorité reste les études. Le ski a toujours été pour lui une passion et le restera. » Pourtant, l’avenir sportif de Sylvio est encore loin devant lui, puisque la maturité au ski nautique s’acquiert à l’âge de 28 ans. À défaut, il nous prouve, actuellement, que le talent n’a pas d’âge. Quatorze ans, l’âge de l’adolescence, de la rébellion et de l’insouciance. Mais décidément, Sylvio Chiha n’est pas un jeune homme comme les autres. Il est tout simplement un champion... Nadim MAKHOUL Quatorze ans, l’âge de l’adolescence, des sorties, des premières aventures. L’âge de la rébellion, du refus et de l’insouciance. Mais pour Sylvio Chiha, 14 ans ont été le prélude à la gloire. Passionné de glisse dès son enfance, Sylvio a récolté en 2004 les fruits d’une dizaine d’années d’entraînement et de persévérance. Gros plan sur ce jeune garçon doué et...