Ilen est de la culture à la télévision comme des habitants des villes : rejetée à la périphérie. Bernard Pivot La culture classique reste une valeur essentielle, mais la plus-value qu'on en retire, pour soi et aux yeux des autres, a baissé à la bourse de l'humanisme.
Ce n'est pas la premiĂšre fois que Bernard Pivot Ă©crit sur sa vie. Et encore une fois, il le fait en ayant recours Ă un subterfuge, en se plaçant derriĂšre un paravent. Fait-il cela par pudeur ? Par crainte d'ennuyer les lecteurs en leur livrant des fragments tout simples de son parcours ? Toujours est-il que pour Ă©crire La mĂ©moire n'en fait qu'Ă sa tĂȘte, le plus cĂ©lĂšbre des journalistes littĂ©raires de la francophonie s'est emparĂ© de souvenirs ayant resurgi grĂące Ă des lectures afin de parler de lui. C'est une question de mĂ©moire, dit-il lors d'un entretien tĂ©lĂ©phonique que j'ai eu avec lui mercredi dernier. Tous les gens qui Ă©crivent leur autobiographie doivent obliger leur mĂ©moire Ă la chronologie. C'est une contrainte que je n'avais pas envie de m'imposer. Je me suis aperçu que plus j'avance en Ăąge et plus je m'arrĂȘte dans mes lectures. Tel personnage, telle scĂšne ou tel mot me rappelle des souvenirs. Ceux que je relate dans le livre me sont venus par ricochet, en lisant. J'ai d'ailleurs failli appeler ce livre Ricochet. » Ces souvenirs qui sont remontĂ©s Ă la surface Ă©voquent des rencontres exaltantes, par exemple celle de Karen Blixen, l'auteure du Festin de Babette, qui, aux yeux de Pivot, aurait eu besoin de manger un peu plus tant elle lui est apparue famĂ©lique. Elle ressemblait Ă Nosferatu, le vampire de Murnau », Ă©crit-il. Il aborde Ă©galement des thĂšmes plus anodins, des bagatelles, des sottises, des frivolitĂ©s », comme la ponctualitĂ©, un sujet qui lui est venu en repensant Ă une entrevue qu'il a faite en 1988 pour Paris Match avec les trois candidats Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle. Alors que Chirac fut Ă l'heure et que Raymond Barre eut cinq minutes de retard, François Mitterrand se prĂ©senta avec une bonne demi-heure de retard. Celui qui a dĂ» faire preuve d'une ponctualitĂ© exemplaire au cours de ses 28 annĂ©es d'Ă©missions hebdomadaires a toujours eu un prĂ©jugĂ© favorable pour les gens qui sont Ă l'heure. Mais Ă force de veiller Ă ne jamais ĂȘtre en retard avec les autres, on en vient Ă exiger d'ĂȘtre Ă l'heure avec soi-mĂȘme. HĂ©las ! Je ne suis pas toujours exact Ă mes propres rendez-vous. Il m'arrive mĂȘme de me poser des lapins », peut-on lire dans un extrait de La mĂ©moire n'en fait qu'Ă sa tĂȘte Les courts chapitres qui composent ce livre sont un pur dĂ©lice pour qui apprĂ©cie le maniement de la langue française. Et comme toujours, Pivot le fait avec modestie et mesure. On dĂ©note mĂȘme chez lui un quasi-sentiment d'infĂ©rioritĂ©. Ainsi, il parle Ă quelques reprises de son ignorance », de son incapacitĂ© Ă rivaliser avec les poĂštes ou les grands Ă©pistoliers pour sĂ©duire les femmes. Je souligne cet aspect dans une question. Ah ! C'est une remarque originale, me dit-il. On ne me l'a jamais faite en France. En effet, je crois que c'est une contestation de l'idĂ©e qu'on se fait de moi. J'ai eu des Ă©checs dans ma vie, amoureux, scolaires et professionnels. Ces petites Ă©corchures me sont revenues », ajoute celui qui prĂ©side aujourd'hui l'AcadĂ©mie Goncourt. Pivot et la bandaison J'ai aimĂ© ce livre, entre autres parce qu'il casse l'image que l'on se fait, du moins au QuĂ©bec, de Bernard Pivot, un homme en apparence trĂšs sĂ©rieux. J'avoue que le chapitre intitulĂ© Une fille bandante m'a quelque peu surpris. Ah oui ! Pourquoi ? me demande Pivot en rigolant. J'aime beaucoup rire dans la vie. Et faire rire les gens. En lisant un livre de Jean Echenoz, je me suis rendu compte que je n'avais jamais osĂ© utiliser ce terme dans un journal ou dans un livre. Je me suis penchĂ© sur ce mot et j'ai trouvĂ© qu'il Ă©tait trĂšs pratique. Le Grand Robert l'accepte, tandis que Le Petit Larousse le juge vulgaire. Il propose plutĂŽt "ĂȘtre en Ă©rection". Mais l'Ă©rection, c'est le rĂ©sultat, alors que bander, c'est Ă la fois l'acte et le rĂ©sultat. C'est plus intĂ©ressant. J'aime rĂ©flĂ©chir sur les mots et j'aime m'amuser avec les mots. D'ailleurs, je fais dans ce chapitre un trĂšs mauvais jeu de mots en parlant de "la bandaison de la crĂ©maillĂšre". » Bernard Pivot profite de ce livre pour remettre les pendules Ă l'heure sur certaines choses, notamment son dĂ©part du Figaro littĂ©raire, en 1974, avec l'arrivĂ©e de Jean d'Ormesson. Ce dernier, fraĂźchement nommĂ© directeur du quotidien, devait procĂ©der Ă une rĂ©forme du journal. Et celle-ci devait, entre autres, passer par la nomination de Bernard Pivot comme chef des services culturels. Cette nomination Ă©tait dĂ©jĂ approuvĂ©e par le propriĂ©taire du quotidien, Jean Prouvost. Mais voilĂ , d'Ormesson s'est laissĂ© convaincre par certains, dont AndrĂ© Malraux, que ce poste ne devait pas ĂȘtre occupĂ© par Pivot qui, sentant qu'il Ă©tait temps pour lui de quitter le navire, s'est retirĂ©. Des dĂ©cennies plus tard, Bernard Pivot ne tient pas rigueur Ă d'Ormesson pour cela. Je ne suis pas du tout rancunier. Je suis mĂȘme trĂšs ami avec lui. Je vais dĂ©jeuner chez lui de temps en temps. Si je n'avais pas eu ce diffĂ©rend avec lui, je n'aurais pas fait une carriĂšre Ă la tĂ©lĂ©vision. » En revanche, il a des mots durs pour son ex-collĂšgue François Mauriac, qui, pendant les sept annĂ©es oĂč il fut collaborateur au Figaro littĂ©raire, n'a jamais daignĂ© pousser la porte du bureau oĂč travaillaient les journalistes littĂ©raires du journal, dont faisait partie Bernard Pivot. Je crois qu'il n'avait pour nous que de l'indiffĂ©rence, Ă©crit Pivot. MĂȘme si nous signions des articles Ă la suite des siens, nous n'Ă©tions Ă ses yeux que les soutiers de l'hebdomadaire qui battait pavillon Mauriac. » Lorsque Mauriac eut 80 ans et que les hommages fusaient de toutes parts, Le Figaro dĂ©cida de lui offrir un cadeau et demanda aux employĂ©s de cotiser. Pivot refusa net de participer Ă cette collecte. Fou de Twitter Avant de connaĂźtre la popularitĂ© avec l'animation d'Ă©missions littĂ©raires et culturelles comme Apostrophes et Bouillon de culture, Bernard Pivot a Ă©crit pour de nombreux journaux et magazines. Qu'en est-il de son regard sur le traitement que les mĂ©dias accordent aujourd'hui Ă la littĂ©rature ? Le journalisme littĂ©raire n'est plus aussi intĂ©ressant qu'il l'Ă©tait il y a 40 ou 50 ans. Il y avait des Ă©coles littĂ©raires, des revues littĂ©raires, des cocktails littĂ©raires. Tout cela a un peu disparu. En partie d'ailleurs Ă cause de la tĂ©lĂ©vision. » La vie littĂ©raire se rĂ©sume aujourd'hui aux prix et aux salons. En dehors de cela, il n'y a plus grand-chose. Ce mĂ©tier de courriĂ©riste littĂ©raire que j'ai fait pendant 15 ans, j'aurais du mal Ă l'exercer aujourd'hui. » Ă 81 ans, Bernard Pivot demeure un homme de son temps. Il ne craint pas les nouvelles technologies, encore moins les rĂ©seaux sociaux qu'il juge utiles ». J'aurai bientĂŽt 500 000 abonnĂ©s sur mon compte Twitter, dit-il fiĂšrement. Les rĂ©seaux sociaux sont une invention extraordinaire et je ne vois pas pourquoi je ne profiterais pas des inventions des plus jeunes. Ăvidemment, si c'est pour Ă©crire des conneries, des trucs antisĂ©mites ou homophobes, alors c'est non, c'est dĂ©gueulasse. C'est une Ă©cole de la concision, ça vous oblige Ă un exercice mental et de style trĂšs profitable pour la santĂ© du cerveau. C'est quand mĂȘme formidable de lancer des messages tous les matins qui sont repris par des dizaines de milliers de personnes dans le monde. » La derniĂšre visite de Bernard Pivot au QuĂ©bec remonte Ă 2015, lors du Salon du livre de QuĂ©bec oĂč il a occupĂ© le rĂŽle de prĂ©sident d'honneur. J'espĂšre y retourner. Vous savez comment j'aime le QuĂ©bec et je suis ravi de savoir qu'on s'intĂ©resse toujours Ă moi chez vous. » En effet, on ne vous oublie pas, cher Bernard Pivot. Et nous sommes heureux de voir que vous n'oubliez pas les plus beaux fragments de votre vie. Ă nous aujourd'hui de les savourer. La mĂ©moire n'en fait qu'Ă sa tĂȘteBernard PivotAlbin Michel228 pages image fournie par Albin Michel La mĂ©moire n'en fait qu'Ă sa tĂȘte photo fournie par tv5 Bernard Pivot Ă l'Ă©poque de Bouillon de culture, diffusĂ©e de 1991 Ă 2001.
Il est minuit passé, vendredi 29 juin, et c'est fini, la derniÚre de « Bouillon de culture ». Avec un léger différé pour les téléspectateurs. A l'écran, Bernard Pivot a dit avec
DâApostrophes, lâĂ©mission littĂ©raire la plus cĂ©lĂšbre de la tĂ©lĂ©vision Ă la prĂ©sidence de lâAcadĂ©mie Goncourt, dont il vient de prendre sa retraite, Bernard Pivot est lâhomme qui fit entrer la littĂ©rature dans le salon des Français. CooptĂ© Ă lâAcadĂ©mie Goncourt en 2004 -il a Ă©tĂ© le premier non-Ă©crivain Ă rejoindre la prestigieuse institution-, il en Ă©tait devenu le prĂ©sident en 2014, avant de se retirer ce mardi, Ă 84 ans, pour retrouver un libre et plein usage de son temps». Ce fou de littĂ©rature, dĂ©fenseur acharnĂ© de la langue française et ami sincĂšre des mots, a animĂ© durant 15 ans de 1975 Ă 1990 lâĂ©mission littĂ©raire Apostrophes qui, chaque vendredi, Ă©tait suivie par des millions de tĂ©lĂ©spectateurs. VĂȘtu de la blouse grise des instituteurs dâautrefois, Bernard Pivot est aussi celui qui tenta de rĂ©concilier les Français avec lâorthographe en organisant, Ă partir de 1985, les Dicos dâor», cĂ©lĂšbre championnat dâorthographe qui a remis la dictĂ©e au goĂ»t du jour. Cette appĂ©tence pour la langue française remonte Ă loin, expliquait Bernard Pivot en mars 2016 Ă lâoccasion de la prĂ©sentation de son livre Au secours! Les mots mâont mangĂ© Allary Editions. Je suis un enfant de la guerre. JâĂ©tais rĂ©fugiĂ© avec ma mĂšre dans un petit village du Beaujolais, et mes seuls livres Ă©taient un dictionnaire et les fables de La Fontaine. La Fontaine me parlait de âzĂ©phyrâ ou dââaquilonâ, et Le Petit Larousse me renseignait sur ces mots Ă©tranges», avait-il confiĂ©. Une de ses plus grandes fiertĂ©s est dâĂȘtre entrĂ© dans le Petit Larousse en 2013. Amateur de beaujolais Homme de lettres, au sens propre, il nâa Ă©crit Ă ce jour que deux romans Lâamour en vogue 1959 et Oui, mais quelle est la question? 2012. En parallĂšle, il est lâauteur de plusieurs essais, sur la langue française, mais aussi sur ses deux autres grandes passions le vin et le football. NĂ© Ă Lyon le 5 mai 1935 dans une famille de petits commerçants, il a passĂ© son enfance dans le Beaujolais et Ă©tait connu pour ĂȘtre un amateur Ă©clairĂ© des vins de ce terroir. On lui doit notamment un Dictionnaire amoureux du vin Plon, 2006 qui fait autoritĂ©. Fou de foot, il est restĂ© fidĂšle Ă lâAS Saint-Ătienne et Ă lâĂ©quipe de France. Ces derniĂšres annĂ©es, il a Ă©tĂ© trĂšs actif sur Twitter avec plus dâun million dâabonnĂ©s, partageant ses humeurs et ses vues. Mais, au-delĂ de toutes ses activitĂ©s, câest en tant que journaliste quâil aime se dĂ©finir. AprĂšs un passage au ProgrĂšs de Lyon, il entre au Figaro littĂ©raire en 1958. Chef de service au Figaro en 1971, il dĂ©missionne en 1974 aprĂšs un dĂ©saccord avec Jean dâOrmesson. LâacadĂ©micien aux yeux bleus sera nĂ©anmoins le recordman des passages dans les Ă©missions littĂ©raires de Pivot. Des invitĂ©s inoubliables Câest le jour de lâan 1967 que Pivot apparaĂźt pour la premiĂšre fois Ă la tĂ©lĂ©vision, pour Ă©voquer Johnny Hallyday et Sylvie Vartan⊠En 1974, aprĂšs lâĂ©clatement de lâORTF, il lance Apostrophes, diffusĂ© pour la 1re fois sur Antenne 2 le 10 janvier 1975. Il fonde la mĂȘme annĂ©e avec Jean-Louis Servan-Schreiber le magazine Lire. Apostrophes devient le rituel incontournable du vendredi soir jusquâen 1990. Il anime lâĂ©mission en direct, introduite par le concerto pour piano numĂ©ro 1 de Rachmaninov. On y rit beaucoup, on sâinsulte, on sâembrasse⊠Le public adore et les ventes de livres suivent. Les gĂ©ants des lettres se succĂšdent dans le salon» de Pivot qui sait crĂ©er une intimitĂ© avec ses invitĂ©s et rĂ©unir des duos improbables. Il y aura des moments inoubliables Cavanna taclant un Charles Bukowski ivre, avec un fameux Ta gueule, Bukowski!», lâinterview de Soljenitsyne, de Marguerite Duras ou de Patrick Modiano. Sagan, Barthes, Bradbury, Bourdieu, Eco, Le ClĂ©zio, Badinter, Levi-Strauss ou encore le prĂ©sident Mitterrand seront ses invitĂ©s. En 1987, il interviewera clandestinement Lech Walesa en Pologne. FacĂ©tieux, il soumet ses invitĂ©s au questionnaire de Pivot», inspirĂ© de celui de Proust. Quand Apostrophes sâarrĂȘte, lâinfatigable Bernard crĂ©e Bouillon de culture, Ă lâhorizon plus large que les livres. LâĂ©mission cesse en juin 2001. Le dernier numĂ©ro rassemble 1,2 million de tĂ©lĂ©spectateurs. Ce passionnĂ© de littĂ©rature tient rĂ©guliĂšrement une chronique dans le Journal du Dimanche.
Ilfallait « que cette Ă©cole porte le nom dâune personnalitĂ© vivante et reprĂ©sentative de la culture française ». LâĂ©tablissement, ouvert depuis avril 2013 et qui accueille 129 enfants, de la maternelle au CM2, a Ă©tĂ© le terrain, ce samedi 22 juin, dâune grande dictĂ©e, organisĂ©e par Bernard Pivot lui-mĂȘme, aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Au total, selon
Bonjour, Comme vous avez choisi notre site Web pour trouver la rĂ©ponse Ă cette Ă©tape du jeu, vous ne serez pas déçu. En effet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de Word Lanes Pour Bernard Pivot, il Ă©tait de culture. Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. Câest la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă trouver Ă partir de leurs dĂ©finitions. Nous avons trouvĂ© les rĂ©ponses Ă ce niveau et les partageons avec vous afin que vous puissiez continuer votre progression dans le jeu sans difficultĂ©. Si vous cherchez des rĂ©ponses, alors vous ĂȘtes dans le bon sujet. Vous pouvez Ă©galement consulter les niveaux restants en visitant le sujet suivant Solution Word Lanes BOUILLON CâĂ©tait la solution Ă un indice qui peut apparaĂźtre dans nâimporte quel niveau. Si vous avez trouvĂ© votre solution alors je vous recommande de retrouner au sujet principal dĂ©diĂ© au jeu dont le lien est mentionnĂ© dans le corps de ce sujet. Vous allez y trouver la suite. Bon Courage Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar
Membrede l'Académie depuis 2004, le journaliste Bernard Pivot fut Producteur-présentateur à la télévision de nombreuses émissions littéraires dont Ouvrez les guillemets, Ah ! vous écrivez, Apostrophes, Bouillon de culture, Double je. Il fut par ailleurs Organisateur et Co-présentateur du Championnat de France d'orthographe de langue
BERNARD PIVOT - Le journaliste ici en 2001 a lancĂ© en 2009 le ComitĂ© de dĂ©fense du beaujolais. REUTERS/John Schults DĂ©cembre 1989, sur le plateau d'Apostrophes. Bernard Pivot, maĂźtre des lieux, consacre son rendez-vous hebdomadaire aux plaisirs populaires. Parmi ses invitĂ©s, Georges Duboeuf, dĂ©jĂ surnommĂ© le "pape du beaujolais". Ce nĂ©gociant, qui a bĂąti un empire, raconte comment la sortie des vins primeurs de sa rĂ©gion est devenue un Ă©vĂ©nement commercial planĂ©taire. La parole passe Ă Jean-Pierre Coffe, autre participant de l'Ă©mission. Le pourfendeur de la malbouffe titille le vendeur de bouteilles sur la chaptalisation, une mĂ©thode qui consiste Ă ajouter du sucre dans les cuves afin d'augmenter artificiellement le degrĂ© d'alcool. Ni une ni deux, l'animateur s'interpose "Georges Duboeuf dit qu'une honnĂȘte et douce chaptalisation amĂ©liore le vin." Pas touche au beaujolais ! En Bernard Pivot, le rouge le plus fĂȘtĂ© s'est trouvĂ© son meilleur dĂ©fenseur. Lobbyiste ? Cet amoureux de la langue française prĂ©fĂšre se dĂ©finir comme l'"Ă©chanson" du beaujolais. LittĂ©ralement, "la personne qui verse Ă boire". CoĂŻncidence les heures de gloire du vin canaille correspondent Ă celles du journaliste 1. De 1975, premier millĂ©sime d'Apostrophes, au dĂ©but des annĂ©es 2000, oĂč les tĂ©lĂ©spectateurs purent dĂ©guster la derniĂšre goutte de Bouillon de culture. Aujourd'hui, le jurĂ© de l'acadĂ©mie Goncourt s'est muĂ© en avocat opiniĂątre de ce vignoble victime du dĂ©samour des consommateurs. Quitte Ă se fĂącher Ă table face Ă des rĂ©calcitrants "DĂ©nigrer par principe ce vin, c'est comme critiquer un livre sans l'avoir lu." Illustration de son plaidoyer bachique, Pivot a lancĂ©, en 2009, le ComitĂ© de dĂ©fense du beaujolais. Une rĂ©ponse au "lynchage dont [ce] vin du peuple, vin des ouvriers, vin festif, est victime alors qu'il est un symbole de l'identitĂ© française", dixit son cofondateur PĂ©rico LĂ©gasse, chroniqueur gastronomique Ă Marianne. Une fois par an, ses dix membres se rĂ©unissent pour distinguer de leurs papilles Ă©clairĂ©es un beaujolais nouveau et un beaujolais-villages nouveau. De quoi, Ă©videmment, attirer l'attention des mĂ©dias sur ce vignoble en crise. "Notre initiative n'est qu'une goutte dans la cuve, convient Bernard Pivot. Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1⏠sans engagement Mais c'est une maniĂšre de dire aux vignerons de la rĂ©gion qu'on ne les oublie pas." Une marque de reconnaissance de sa part, aussi ne doit-il pas au vignoble du nord de Lyon - sa ville natale - ses premiers pas professionnels ? Comme il le rapporte dans son Dictionnaire amoureux du vin, c'est en promettant au rĂ©dacteur en chef... un caquillon petit tonneau de 10 litres de beaujolais qu'il a dĂ©crochĂ©, Ă 23 ans, un poste au Figaro littĂ©raire ! Les parents du dĂ©butant exploitaient alors quelques arpents de vigne Ă QuinciĂ©-en-Beaujolais RhĂŽne. PropriĂ©taire d'une maison dans le Beaujolais depuis 1968, Bernard Pivot s'est toujours refusĂ© Ă racheter un domaine viticole. C'est dans cette bourgade de 1 100 Ăąmes, Ă l'ombre du mont Brouilly, que se trouve l'origine de l'histoire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Pivot, commerçants lyonnais, s'y rĂ©fugient. Ils possĂšdent lĂ une maison familiale. Le petit Bernard - il n'a pas 10 ans - vendange, frĂ©quente cuvages et caveaux. Bref, s'imprĂšgne du Beaujolais. "J'ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© Ă son vin, il coule dans mes veines. MĂȘme si j'en ai rencontrĂ© et apprĂ©ciĂ© d'autres, bien plus illustres, par la suite", confie- t-il. Son frĂšre Jean-Charles s'installe au village et Ă©pouse la vie de vigneron. Le journaliste, lui, achĂšte en 1968 une jolie demeure dans laquelle il continue de se rendre rĂ©guliĂšrement. Il est mĂȘme Ă©lu sans Ă©tiquette adjoint au maire de la commune pendant un mandat, de 1977 Ă 1983. Et la bibliothĂšque du bourg - qui porte son nom - renferme plus de 12 000 livres offerts par le critique littĂ©raire. Avec, souvent, dans la marge, ses prĂ©cieuses annotations. "Comment parler littĂ©rature et aimer ce petit vin ?"A Paris, son image d'homme de tĂ©lĂ©vision se colore de beaujolais. "Des intellectuels me l'ont reprochĂ© quand, dans les annĂ©es 1980, Apostrophes est devenu incontournable. Comment pouvais-je parler littĂ©rature et aimer ce petit vin ?" se souvient-il. L'amateur de moulin-Ă -vent et de cĂŽte-de-brouilly en a pris son parti "Cette rĂ©putation a contribuĂ© Ă me rapprocher des tĂ©lĂ©spectateurs. Je passais pour quelqu'un qui ne se la pĂ©tait pas !" Pour dĂ©fendre la cause beaujolaise, il a plaidĂ© jusque... devant la justice. En 2006, la sociĂ©tĂ© de Georges Duboeuf est poursuivie pour "tromperie et tentative de tromperie". Une affaire de mĂ©lange de raisins de diffĂ©rentes appellations. Sans hĂ©siter, Bernard Pivot se porte - "en ami" - tĂ©moin de moralitĂ©. "Il est impossible qu'il soit un tricheur", dĂ©clare-t-il Ă la barre du tribunal de Ville-franche-sur-SaĂŽne. Peine perdue. L'entreprise est condamnĂ©e, bien que la responsabilitĂ© de la supercherie se porte sur un collaborateur et non sur le dirigeant. Georges Duboeuf voue une grande estime - rĂ©ciproque - Ă l'ancien journaliste. "C'est un trĂšs bon dĂ©gustateur, gourmand et gourmet. Son influence pour le beaujolais est importante", juge le patron. Par l'entremise de ce dernier, Bernard Pivot a fait partie des rares chanceux Ă bĂ©nĂ©ficier, pendant quelques millĂ©simes, des bouteilles de feu Henri Jayer, vigneron bourguignon de lĂ©gende. Du Bernard Pivot sur les Ă©tals chinoisEnfin ! s'est-on exclamĂ© dans le vignoble. Bernard Pivot a cĂ©dĂ© depuis l'an dernier, une cuvĂ©e de beaujolais-villages porte son nom. "Jusqu'Ă prĂ©sent, je trouvais cela incompatible avec mon mĂ©tier d'animateur d'une chaĂźne du service public. Mais, aujourd'hui, je suis retraitĂ©", se justifie-t-il. Philippe Lacondemine, ancien prĂ©sident de la cave coopĂ©rative de QuinciĂ© - Ă laquelle le journaliste apporte les raisins des quelques ceps qui entourent sa maison -, l'a convaincu une veille de NoĂ«l. "Je lui ai dit que ce vin devait ĂȘtre accessible, comme lui l'avait Ă©tĂ© avec les tĂ©lĂ©spectateurs", raconte ce vigneron. RĂ©sultat, de 50 000 Ă 60 000 bouteilles par millĂ©sime, vendues environ 6 euros l'unitĂ© dans une enseigne de la grande distribution. Le contenu est sĂ©lectionnĂ© par un jury d'Ă©mĂ©rites dĂ©gustateurs - oĂč l'on retrouve PĂ©rico LĂ©gasse ou encore... Georges Duboeuf. "Un vin sĂ©rieux, mais gai et populaire, Ă l'image de celui dont il porte le patronyme", selon les mots du restaurateur Pierre Troisgros, membre de l'Ă©quipe. Des nĂ©gociations sont mĂȘme en cours pour l'exporter dans... l'empire du Milieu, oĂč le Dictionnaire amoureux du vin vient d'ĂȘtre traduit en mandarin. Sa commission ? 24 bouteilles. Rien de plus. "Pas un centime ! Si j'ai acceptĂ© qu'on utilise mon nom, c'est pour aider le beaujolais", insiste Bernard Pivot. C'est son obsession ne pas ĂȘtre accusĂ© de gagner de l'argent sur les fruits de la vigne. Pour cette raison - "et parce que ce n'est pas [son] mĂ©tier" -, il s'est toujours refusĂ© Ă racheter un domaine viticole. "Combien de fois me l'a-t-on suggĂ©rĂ©", soupire-t-il. Mais lui, combien a-t-il rapportĂ© au Beaujolais ? Difficile de quantifier les effets de sa notoriĂ©tĂ© en nombre de bouteilles vendues... "La profession, en tout cas, ne l'a pas assez sollicitĂ© quand il Ă©tait au sommet de sa gloire", regrette un vigneron. "Les retombĂ©es Ă©conomiques de prescripteurs comme lui sont considĂ©rables", ajoute nĂ©anmoins FrĂ©dĂ©ric Laveur, prĂ©sident de l'organisme de gestion et de dĂ©fense des appellations gĂ©nĂ©riques du vignoble. Depuis deux ans, Bernard Pivot a d'ailleurs Ă©tĂ© rejoint par un autre avocat de renom, qui Ă©labore pour Leader Price sa cuvĂ©e de beaujolais nouveau. Un certain... Jean-Pierre Coffe. 1 Ancien membre du conseil de surveillance du groupe Express-Expansion. Les plus lus OpinionsLa chronique de Vincent PonsVincent Pons, avec Boris VallĂ©eLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles Pialoux
Noussommes le 1er dĂ©cembre 1978. Bernard Pivot lance ainsi son Elle Ă©tait encore un liant culturel, qui unissait les gens qui pouvaient le lendemain discuter de ce quâils avaient vu, en
04h20 , le 24 janvier 2016 , modifiĂ© Ă 11h01 , le 21 juin 2017 S'il a toujours Ă©crit, Michel Tournier a attendu l'Ăąge de 42 ans pour publier son premier livre, Vendredi ou les limbes du Pacifique. Avant de vivre de sa plume, il avait Ă©tĂ© publicitaire Ă Europe 1, puis moitiĂ© directeur littĂ©raire moitiĂ© attachĂ© de presse des Ă©ditions Plon. C'est lĂ que, journaliste au Figaro littĂ©raire, j'ai fait sa connaissance. Il Ă©tait beau, souriant et s'amusait beaucoup des mĆurs des Ă©crivains. Je ne soupçonnais pas que, rentrĂ© chez lui, il Ă©crivait avec l'ambition d'ĂȘtre l'un d'eux et, tant qu'Ă faire, d'ĂȘtre parmi les aurais-je pu me douter que, sur une Ăźle du Pacifique, avec audace et une imagination de dĂ©miurge, il distribuait Robinson et Vendredi dans de nouvelles aventures? Le roman parut en 1967 et Saint-Germain-des-PrĂ©s en eut le souffle coupĂ©. Bien inspirĂ©e, l'AcadĂ©mie française lui donna son grand prix du roman, le soustrayant Ă la convoitise de l'acadĂ©mie Goncourt, laquelle, trois ans aprĂšs, se revancha en lui accordant son prix, Ă l'unanimitĂ© â depuis jamais rĂ©itĂ©rĂ©e â, pour son deuxiĂšme chef-d'Ćuvre, Le Roi des aulnes. Un puissant Ă©crivain, dĂ©jĂ classique, Ă©tait personnages de la littĂ©rature, l'histoire ou la BibleClassique par son Ă©criture mais trĂšs moderne dans les thĂšmes de ses romans la marginalitĂ©, la transgression, les sexualitĂ©s dĂ©viantes, les forces tĂ©nĂ©breuses, le refus de l'ordre, la fascination du mal, les beautĂ©s et les piĂšges de la nature, la gĂ©mellitĂ©, le pouvoir et la soumission, les contradictions du monde, la saintetĂ©, les fulgurances de l'amour. Nourri de philosophie allemande, Michel Tournier n'a pas Ă©crit des romans philosophiques mais il a eu sur tous ses personnages un point de vue philosophique, essentiellement Tournier chez lui, Ă Choisel, en 2004. CrĂ©dits SipaIl est vrai que la plupart s'Ă©taient dĂ©jĂ fait un nom dans la littĂ©rature, l'histoire ou la Bible Robinson, Gilles de Rais et Jeanne d'Arc, les rois mages, Göring, Abel et CaĂŻn c'est Ă©videmment le maudit et mystĂ©rieux CaĂŻn qui le passionnait, les ogres, MoĂŻse sous le nom d'ĂlĂ©azar, le PĂšre NoĂ«l, etc. C'est l'auteur lui-mĂȘme qui a collĂ© le mot mythe sur le front de ses personnages. Et comme tous ces mythes sont des aventuriers ou des nomades, il est exact de dire que Michel Tournier est un Ă©crivain inspirĂ© par l'histoire et transportĂ© par la sans cĂ©der Ă la coquetterie du paradoxe, il tenait Vendredi ou la vie sauvage, version pour la jeunesse de son premier roman, pour le livre dont il Ă©tait le plus fier. Des millions d'exemplaires vendus. Le plus gros et plus durable succĂšs derriĂšre Le Petit Prince. Il a toujours manifestĂ© pour les enfants attention et curiositĂ©, rĂ©pondant volontiers aux questions des Ă©coliers. Le quatriĂšme roi mage de Gaspard, Melchior et Balthazar est un enfant. Vendredi monte Ă bord du Whitebird, abandonnant Robinson sur son Ăźle. Il a Ă©tĂ© rejoint clandestinement pendant la nuit par le mousse, maltraitĂ© sur le bateau. "DĂ©sormais, lui dit Robinson, tu t'appelleras Jeudi. C'est le jour de Jupiter, dieu du ciel. C'est aussi le dimanche des enfants." DerniĂšre phrase du prĂ©fĂ©rait les Folio Ă la PlĂ©iadeMichel Tournier avait pour premier dĂ©sir d'ĂȘtre le plus lu possible. C'est pourquoi il considĂ©rait le livre de poche comme l'invention du siĂšcle. Folio, oĂč ont Ă©tĂ© publiĂ©s la plupart de ses livres, Ă©tait sa collection chĂ©rie. Il la prĂ©fĂ©rait Ă la PlĂ©iade, oĂč il entrera en 2017 ou 2018. Jean d'Ormesson a dit qu'il prĂ©fĂ©rait la PlĂ©iade au prix Nobel. Tournier, lui, aurait joyeusement renoncĂ© Ă la PlĂ©iade pour le Nobel. Quand Le ClĂ©zio et Modiano l'ont obtenu, j'ai eu une pensĂ©e pour le vieil Ă©crivain retirĂ© dans son presbytĂšre de Choisel, dans la vallĂ©e de Chevreuse. Il se consolait en disant que, ayant Ă©tĂ© longtemps nobĂ©lisable, les gens croyaient qu'il l'avait eu. Touchante et trompeuse consolation par l' Tournier est venu dix-sept fois dans mes Ă©missions. Devant les camĂ©ras il Ă©tait parfaitement lui-mĂȘme, enjouĂ©, profond, provocant, paradoxal, Ă©mouvant ou amusant, toujours avec son Ă©lĂ©gant sourire. Le 15 mars 1992, il Ă©tait l'invitĂ© principal de Bouillon de culture pour son livre Le CrĂ©puscule des masques. Un Ă©tudiant a surgi pendant l'Ă©mission, armĂ© d'un couteau, menaçant de se suicider si Lionel Jospin ne retirait pas sa loi sur l'enseignement. AprĂšs six ou sept longues minutes de nĂ©gociations, il a jetĂ© le couteau et il est parti. Quelques jours aprĂšs, Michel Tournier m'a appelĂ© au tĂ©lĂ©phone pour me dire "Jamais je n'ai autant Ă©tĂ© humiliĂ© que pendant votre Ă©mission. Pas une fois, cet Ă©tudiant ne m'a regardĂ©, ni interpellĂ©. Il n'a parlĂ© qu'Ă vous! Pas une fois il ne m'a menacĂ©. Pour lui je ne comptais pas! C'Ă©tait trĂšs humiliant." Tournier Ă©tait-il sincĂšre ou facĂ©tieux?De mĂȘme, Ă l'acadĂ©mie Goncourt, dont il a Ă©tĂ© pendant trente-huit ans un membre trĂšs actif, lecteur scrupuleux, gĂ©nĂ©reux, aux choix parfois aussi surprenants que ceux de son ami Robert Sabatier, fallait-il le prendre au sĂ©rieux quand il disait "Notre acadĂ©mie Ă©tant pauvre, demandons 10% sur les bĂ©nĂ©fices de l'Ă©diteur que chaque annĂ©e nous enrichissons avec le prix Goncourt"? Il travaillait alors Ă un roman sur les vampires⊠Il l'a abandonnĂ©, n'ayant pas le courage et la force d'aller arpenter de nuit les souterrains du mĂ©tro et les catacombes. Il ne rĂ©gnait plus non plus sur le monde foisonnant des mots, longtemps serviteurs d'une Ćuvre sans Ă©quivalent dans la littĂ©rature française par l'originalitĂ© de ses thĂšmes et la force de son JDD papier
BK3fP0p. r368reqqd1.pages.dev/517r368reqqd1.pages.dev/979r368reqqd1.pages.dev/883r368reqqd1.pages.dev/815r368reqqd1.pages.dev/289r368reqqd1.pages.dev/503r368reqqd1.pages.dev/693r368reqqd1.pages.dev/819r368reqqd1.pages.dev/485r368reqqd1.pages.dev/449r368reqqd1.pages.dev/979r368reqqd1.pages.dev/185r368reqqd1.pages.dev/35r368reqqd1.pages.dev/383r368reqqd1.pages.dev/39
pour bernard pivot il etait de culture